Malgré une petite enfance perturbée – sa mère, kabyle, a été tuée en 1961 sous ses yeux, dans un attentat, et il a souffert d'amnésie partielle à l’âge de huit ans – Franz est un enfant heureux. Après un départ précipité d’Algérie, un court séjour aux États-Unis, son père, juif et médecin, s’installe dans une bourgade du Loiret et fait un remariage réussi. Franz y gagne une mère et une soeur, se fait de bons copains en classe et passe son bac… Une construction sophistiquée – écrits divers, enregistrements – qui procède par petits chapitres, où Martin Winckler donne la parole à son héros, écrivain en herbe. Il dévoile son itinéraire de jeune collégien boutonneux, ses sentiments familiaux forts, ses premiers émois, sa pensée sociale et politique éveillée par des professeurs soixante-huitards talentueux. À l’image du jeu de mots du titre, c’est le tableau d’une France profonde des années soixante-dix, marquée par les suites de l'affaire algérienne, mai 68 et les avancées sur la sexualité féminine, qui se recrée avec bonheur dans ce roman facile à lire, touchant d’humanité, aux thèmes chers au romancier (Un pour deux, NB juillet 2008). Une palette de personnages secondaires accompagne Franz, amorçant avec lui une suite américaine à paraître. (L.K. et A.-M.D.) (source : les-notes.fr)