Militant dès son adolescence, Recep Erdogan, islamiste d’origine modeste, nationaliste, qui se dit avant tout l’homme du peuple, manipule les partis, s’appuie sur les confréries, surfe sur les modes tant sur le plan interne qu’à l’international, vampirisant la vie politique turque depuis plus de trente ans. Soutenu par l’AKP, le parti qu’il a créé, il devient le premier président turc élu au suffrage universel. Un parcours extraordinaire, mais sinueux, semé de meetings et discours, avec des volte-faces, des virages à cent quatre-vingts degrés, des trahisons, des limogeages, des emprisonnements, représentatif de la complexité d’un pays tiraillé entre conservatisme et modernisme, la fameuse « synthèse turco-islamiste ».