Benoît vit seul avec sa mère depuis le départ de son père dont aucun des deux ne parle jamais. Pas plus que cet enfant de 13 ans ne parle du harcèlement dont il est victime au collège ni du moment où, bizarrement, il se voit inclus dans la bande en brutalisant à son tour plus faible que lui : ivresse de la violence inversée et culpabilité qu’il tait évidemment. D’autant que, dans le groupe, il y a Manon, sous la même emprise perverse que lui, dont il tombe amoureux. Personne ne voit, personne ne sait, personne n’agit, sauf…
Un cas d’école : le harcèlement d’un adolescent, le silence qui l’entoure, les dégâts qu’il provoque. Un cas d’école également : l’intervention providentielle de la professeure de français, elle-même autrefois victime, qui prend même en charge la restauration du couple mère-fils. La construction du roman qui alterne le récit de deux expériences similaires et sa dynamique narrative sont néanmoins efficaces pour en faire un texte fort, positif jusque dans son dénouement même qui échappe à l’angélisme. On peut aussi être sensible au contrepoint poétique du poème d’Éluard : Capitale de la douleur qui rythme comme un exutoire l’itinéraire de l’adolescent. Vertu thérapeutique des beaux textes : on veut y croire… (C.B et P.E.)