À quatorze ans Elisa voit sa vie basculer. Ses parents se séparent à nouveau. Tandis que sa mère, fantasque et irresponsable, repart dans le nord de l’Italie avec son frère drogué, son père, un universitaire confit dans ses recherches, entend l’élever à T, petite ville balnéaire du sud. Elle rencontre alors Béa, une ado de sa classe, avec qui elle noue une amitié aussi passionnelle qu’improbable tant leurs personnalités et leurs milieux sont différents.
Situé au début des années 2000, ce roman est traversé par les problématiques de la jeunesse de l’époque, entre la culture punk omniprésente et les débuts de la révolution numérique. Avec une finesse étonnante, l’auteure (La vie parfaite, Les Notes avril 2018) pénètre l’intimité de deux ados privées d’un modèle maternel cohérent et avides de profiter de toutes les nouveautés. Elles sont toutes deux très douées. Mais tandis qu’Elisa, au physique banal, est une cérébrale contrariée par une demande exorbitante d’affection, Béa, une prometteuse beauté, se révèle au contraire au fil des ans une manipulatrice. Les ruminations d’Elisa et l’enchaînement mélodramatique des faits dérapent parfois dans l’emphase, le ton de trop ; leur répétition allonge inutilement le récit. Mais la subtilité du regard et de l’écriture reste l’incontestable maîtresse du jeu et relance régulièrement l’enthousiasme. (A.Lec. et M.Bo.)