Ex-déporté du camp de Buchenwald, ainsi se revendique Jorge Semprún. Dans ce recueil de dix-neuf conférences données principalement en Allemagne entre 1986 et 2005, ce témoin des atrocités nazies restitue encore l'odeur des crématoires. Les âmes des humains exterminés trouvaient dans les nuages une sépulture imprécise. Avec les intellectuels juifs incarcérés, le jeune communiste de dix-huit ans fraternisait et s'ancrait dans une culture profonde qu'il mettra plus tard au service du gouvernement espagnol. C'est vers l'Europe et par raison démocratique que convergent les activités du philosophe et historien : il souligne l'apport fécondant des intellectuels juifs dans sa construction, s'y réfère souvent et déplore leur absence dans sa difficile actualité. Problème du mal, terrifiante singularité de la mort juive, totalitarismes défaits, devoir de mémoire sont les thèmes récurrents de ces interventions. Le XXe siècle est celui des émancipations : de la femme, des ex-colonies, de la société civile, et du développement d'inquiétantes technologies. Et ce jeune sage de quatre-vingt-six ans milite avec lucidité et courage pour réaffirmer des valeurs qui ennoblissent l'humanité. Il en est une conscience. (source : les-notes.fr)